Mes p’tites souris vacancières, figurez-vous que je suis en vacances, dans un lieu sans Internet, sans réseau, sans téléphone… Rien ! C’est un vrai bonheur… Et si je passe mes journées à lire, je ne peux donc pas trop vous en parler. Voici donc, grâce à Géraldine (que je ne remercierai jamais assez !), un petit article du jour ! A très vite !
Anne Souris

Le livre est beau. L’histoire se déroule dans les années 1860 en Sicile, au moment de l’unité italienne. Don Fabrizio, prince de Salina, le patriarche d’une famille noble, est le spectateur des changements de société consécutifs aux bouleversements politiques : les vieilles familles qui s’appauvrissent, certaines plus vite que d’autres, et tentent de maintenir leur prestige. C’est le thème du bouquin et bien sûr, nous suivons plusieurs personnages de son entourage.
J’ai beaucoup aimé la précision de la description de ces personnages, de leurs caractères et travers qui les mènent à leur perte ou à leur succès. Je me suis aussi laissée charmée par l’ambiance des palais italiens aux tentures défraîchies, aux fenêtres ouvertes qui laissent entrer les parfums des orangers des jardins.

Dur dur de faire un commentaire sur un bouquin ! Bref, j’ai beaucoup aimé et comme tu aimes les livres historiques en plus du romanesque, cette lecture te plaira peut-être. [je confirme, ça me tente beaucoup, d’autant plus que l’adaptation ciné est un de mes films préférés !]
Géraldine
Comme c’est drôle, j’ai revu le film avant-hier, et j’ai lu le roman, récemment retraduit en français.
L’enjeu historique, le voici, sous la forme d’une analogie avec les légitimistes, les orléanistes et les républicains en France trente ans plus tôt. Les rationalistes anticléricaux du royaume de Piémont veulent l’unité italienne. Ils abattent les dernières traces de féodalité en Sicile avec le soutien de Salina, grand seigneur qui en choisissant les idées naissantes, abandonne le petit peuple fidèle pour les bourgeois. Et doublement, puisqu’il se tourne ensuite contre Garibaldi.
Bref, être dans le vent, « une ambition de feuilles mortes ». A la fin du film (c’est bien Claudia Cardinale, explosive de sensualité méditerranéenne et de vitalité populacière, qui joue le rôle d’Angelica), Salina (excellent Burt Lancaster) s’enfonce seul dans les ruelles palermitaines sordides, pantin coiffé d’un haut-de-forme, vétuste et piégé, mort debout, avant que son neveu Falconieri et ses épigones n’épousent des Agnelli pour former cette jet-set qui culmine en DSKanneries.
Une oeuvre d’actualité, donc, à la réelle perfection formelle, au moins pour le film. La tombe de Giuseppe Tomasi di Lampedusa est visible dans l’archi-baroque cimetière des Capucins, à Palerme. Du même, « Le Professeur et la Sirène », sur la sensualité de l’archéologie…
Bonnes vacances!
Merci pour ces précisions très intéressantes !! J’ignorais ce lien entre le livre et l’Histoire de France.
J’ai adoré le livre (cet article me donne envie de le relire, encore et encore!), le film également (rien que pour Alain Delon beau gosse et l’immortelle scène du bal!!!).
Bonnes vacances coupée de tout! Ici, on bosse, sous une chaleur!!!
Olivia.
C’est curieux, pour ma part je n’ai jamais été une grande fan de Delon. En revanche, Burt Lancaster… Un sublime prince de Salina !! Bon courage pour le boulot ! 😉
Je n’ai jamais lu le roman et votre article m’y pousse . Mais j’ai adoré le film et sa splendeur baroque et par-dessus tout le regard mélancolique de celui qui obseve, impuissant, la décomposition de l’aristocratie italienne . Ce film est une mise en abyme de l’existence même: des illusions perdues, des vicissitudes, de la dégradation des choses et des êtres. L’oeuvre est intemporelle. Rina
Moi de même : le film fait partie de ceux que je préfère, mais je n’ai jamais lu l’oeuvre de Lampedusa. Mais l’avis de Géraldine me donne envie de m’y plonger !
Bravo pour la profondeur de l’analyse de Rina! Jane