« Je n’aurais jamais commencé les séances si ma soeur Alma avait survécu. Elle mourut de la scarlatine, peu après son deuxième anniversaire. J’avais cinq ans. J’ai gardé très peu de souvenirs de l’époque où elle était encore en vie : maman fait sauter Alma sur ses genoux et chante comme elle ne chantera plus jamais ; je déchiffre à haute voix mon abécédaire pendant que maman balance le berceau d’Alma du pied ; je marche à côté d’Annie, notre nounou, elle pousse le landau devant l’hôpital des Enfants-Trouvés et je me tiens au cadre.«
Voilà encore un livre, chères petites souris, que j’avais acheté à cause de sa superbe couverture poétique, qui rappelle les gravures en ombres chinoises du début du XIXe. Mais une fois commencé, ce n’est plus pour sa couverture qu’on ne lâche pas le livre, mais bien pour l’intrigue elle-même !
Ce roman à plusieurs voix mêle l’histoire de Constance Langton, en 1889, orpheline et héritière du sinistre et ténébreux manoir Wraxford Hall, aux souvenirs de son notaire John Montague et au récit d’Eleanor Unwin, qui disparaîtra mystérieusement à Wraxford Hall, comme y avaient disparu avant elle trois générations de Wraxford.
Ce premier roman de John Harwood traduit en français (par Danièle Mazingarbe) est un petit bijou qui rend un hommage appuyé aux romans gothiques anglais. Vous savez ? Ceux que la jeune Catherine Morland dévore, dans l’Abbaye de Northanger de Jane Austen, et qui se déroulent toujours dans de vieilles abbayes ou de sombres manoirs…
La Séance ne déroge pas à la règle : un manoir abandonné qui vampirise ses propriétaires, une jeune femme sans famille – et sans défense – souhaitant lever le mystère sur les disparitions mystérieuses qui sont survenues par des nuits orageuses, des séances de spiritisme, des visions de personnes défuntes. Tous les ingrédients sont là pour vous faire frissonner de terreur, tout en ne souhaitant pas arrêter de lire… surtout s’il est minuit et que vous n’avez plus aucune envie d’éteindre votre lampe de chevet et vous retrouver dans l’obscurité !
Bonne lecture !
Anne Souris
Et l’avis d’Anne sur le roman : « Roman épistolaire à tiroirs multiples, journal intime mêlant au fil des pages interversions d’identités, manoir hanté, ectoplasmes et spiritisme, amour et vengeance, ce premier livre traduit de John Harwood, pourtant australien (!) use avec brio de tous les codes du roman victorien à la Wilkie Collins (Sans nom, La dame en blanc). On l’entame… on le dévore et on attend avec impatience la sortie de ses deux autres livres The ghost writer (2004) et Asylum (2013) pour juger définitivement de la qualité de notre nouvelle découverte ! »
Brrrr, ça a l’air glaçant… et très tentant !
C’est très glaçant, et il faut se laisser tenter en effet ! 😉