« Comment aurais-je oublié cette route étroite qui montait, qui montait, n’en finissait pas de grimper entre des arbres immenses, d’un vert que l’automne ternissait déjà ? Ils semblaient empêcher le car de se frayer un passage entre eux, me donnant l’impression que je n’arriverais jamais à cette destination que j’avais tant espérée, imaginée des centaines de fois : mon premier poste de maîtresse d’école. Un rêve, un espoir enfin réalisés après beaucoup d’efforts, de persévérance et de volonté.«
C’est une si belle école, et c’est un si joli livre dont je vais vous parler aujourd’hui, mes chères petites souris. Un roman très facile à lire, et qui nous conte, en filigrane, l’histoire de l’école des années 1950 au début des années des 2000. Cinquante ans d’évolution, de réformes et de grandes ambitions ministérielles qui ne feront pas dévier Ornella et Pierre de leur passion, l’instruction des jeunes âmes.
Et voilà que paraît sous nos yeux une école telle que j’aimerais qu’elle existe encore pour nos enfants : pleine de bon sens, basée sur des apprentissages peu nombreux mais réellement utiles, avec la volonté de faire des élèves de bons citoyens et des adultes responsables : « le savoir devait se trouver à portée de tous, afin de transformer les enfants en citoyens aimant leur pays, capables de le défendre le moment venu, instruits d’une hygiène et d’une morale communes à toute la nation, porteurs d’un espoir de vie meilleure grâce aux vertus de courage et de tempérance qui leur seraient inculqués par des hommes et des femmes formés à cet effet.«
Certes, il ne faut pas idéaliser l’école des IIIe et IVe Républiques, et la société dans laquelle nous vivons aujourd’hui n’a plus rien à voir avec la société rurale que nous décrit si bien Christian Signol, viscéralement attachée à la terre, peu encline à laisser partir ses enfants, serait-ce au prix d’un avenir meilleur. Mais il me semble tout de même que nous sommes en train d’abdiquer face à une difficulté qui semble insurmontable, et je suis fermement convaincue que c’est en se concentrant sur les grands fondamentaux de l’instruction que la République permettra réellement l’égalité des chances. Et ce n’est pas pour mes enfants que je m’inquiète : nous avons la chance de pouvoir leur transmettre la culture que nos parents nous ont léguée, d’ouvrir leur esprit et leur curiosité au monde, de veiller à ce qu’ils sachent lire, écrire, compter. Mais combien d’enfants ont cette immense chance, en France ? Et combien se retrouveront sur le bord du chemin, sans les connaissances suffisantes pour choisir leur propre destin ?
Je m’éloigne énormément du thème du roman, et je ne pensais pas, en commençant ce billet, vous livrer un réquisitoire polémique, mais la lecture du livre de Christian Signol n’a fait que renforcer l’opinion que j’ai de notre école actuelle. Et pourtant, il serait tellement simple de « revenir aux fondamentaux » pour parler comme un célèbre entraîneur de foot… « Les instructions de l’académie, en cette année 1954, prévoyaient trente heures de classe par semaine. […] A l’intérieur de ce cadre, il fallait introduire quinze heures de français dont beaucoup de lecture et de dictées, un peu moins de dix heures de mathématiques basées surtout sur le calcul mental, la règle de trois, les fractions, et la résolution de problèmes à caractère utilitaire ; les leçons de choses, elles, devaient s’appuyer surtout sur l’observation, l’histoire sur les grandes dates, la géographie sur les fleuves, les rivières et les montagnes ; enfin c’était par l’instruction civique et la morale que devaient commencer les journées.«
Rien de bien compliqué, n’est-ce pas ? Bref, voilà un roman que je vous recommande, qui se lit très vite et qui n’est pas uniquement, je vous rassure, une évocation des beaux jours perdus mais aussi l’histoire d’un couple, de son rapport à son métier et aux personnes qui l’entourent. Je ne connaissais pas Christian Signol en achetant ce livre mais, outre le fait qu’il est originaire de mon cher Quercy adoré (« c’est un auteur du terroir » m’a dit ma mère lorsque je lui ai demandé si elle le connaissait !), sa plume vivante et enjouée rend son roman extrêmement agréable à lire !
Bonne lecture !
Anne Souris
Bonjour,
Je vous écris suite à votre nom apparu sur le blog consacré à notre princesse. Le premier article que je lis est sur ce roman que j’ai découvert l’an dernier.
Je l’ai acheté pour son titre évocateur, son histoire d’amour et ses valeurs. Un très beau livre, très facile à lire. Oui, l’école se perd, oui, on pense sans cesse à revenir aux fondamentaux, mais rien ne se passe. Depuis toute petite, tout ceci se murmure, sans que rien ne change.
Un aussi bon roman ne pourra que toucher les moins enclins à l’école et à notre système éducatif.
Bienvenue Géraldine, et merci pour votre commentaire ! Ce qui m’attriste le plus dans l’état de notre école, c’est qu’elle ruine les chances d’égalité entre les enfants. Et pourtant on nous rabâche sans cesse les oreilles avec le fameux modèle d’Europe du Nord mais sans mettre en application leurs bonnes idées ou recettes éprouvées… C’est un sujet sur lequel je pourrais débattre des heures ! A bientôt, ici ou là, j’espère !
Bonsoir ! Je suis aussi très sensible à ce sujet, je prône comme vous le retour aux fondamentaux ; je suis effarée par l’absurdité des nouveaux programmes qui augmentent le fossé entre les besoins réels des élèves et les exigences officielles inadaptées. Bref… C’est navrant et affligeant . Nos enfants quand ils n’ont pas la chance d’être doués sont perdus dans des terminologies savantes et ridicules alors qu’ils ne savent pas distinguer un adjectif épithète d’un complément du nom et qu’ils confondent futur antérieur et passé composé…en avalant des mots indigestes comme » schéma actantiel » …?!? Bon ben voilà j’ai la nostalgie de mon époque et une immense affection pour le cancre rêveur de Jacques Prévert qui aurait mille fois plus de raisons de l’être aujourd’hui !
Merci ASo je veux lire ce livre …
Chère Rina, c’est toujours un plaisir de vous lire ! Je dois vous avouer que je ne sais même pas ce qu’est un « schéma actantiel » !!! et je crois bien que les adjectifs épithètes ne portent plus ce nom…
Quant au Cancre de Prévert, tel le petit Gibus, il dirait en se rendant à l’école « si j’aurais su, j’aurais pas venu ! » 😉
Bonne journée !
Ps j’ai eu la chance d’être écolière dans les années 70…
Merci Annesouris, ce plaisir est partagé! J’adore votre conclusion avec le fameux » Si j’aurais su… » ! A bientôt
Décidément, ce blog consacré à une princesse nous donne bien du plaisir, en particulier celui de faire votre connaissance.
Il y a très longtemps que je n’avais plus lu Christian Signol, depuis l’époque de « La Rivière Espérance », et à dire vrai, je l’avais un peu oublié…
Mais le sujet de ce nouveau livre me tente beaucoup, en effet, je suis psychologue spécialisée dans l’apprentissage scolaire, mais plutôt en mathématiques (en dehors de mes activités de peintre).
Je suis pleinement d’accord avec vous lorsque vous écrivez que l’école actuelle ne promeut pas l’égalité entre les enfants, c’est un très long sujet sur lequel je pourrais, moi aussi, m’étendre des heures durant.
En tout cas, merci pour ce billet passionnant.
A bientôt !
Merci chère Norma pour ce si gentil commentaire ! Il faut absolument que je vous parle du livre que je lis actuellement, mais je n’ai pas une minute, c’est terrible ! N’hésitez pas à débattre du sujet ici, Rina débattra aussi j’en suis sûre ! Bonne soirée !