« Nous étions fans du moka de la salle d’attente du centre de soins de jour de l’hôpital Sloan-Kettering. Le café n’était pas très bon et le chocolat plus mauvais encore. Mais nous avions découvert, Maman et moi, en pressant sur la touche Moka, que le mélange de deux ingrédients très moyens pouvait donner quelque chose de relativement délicieux. Les crakers n’étaient pas mal non plus.«
Une salle d’hôpital, un lieu symboliquement coupé du monde par la barrière que la maladie et la souffrance érigent entre les patients et les bien-portants, un lieu dans lequel un fils et sa mère vont se retrouver régulièrement autour d’une perfusion de chimio et parler livres, lectures, littérature et bien sûr déborder sur la vie, ressasser les souvenirs et évoquer – prudemment mais sans crainte – l’avenir.
J’aimerais que mes journées aient quelques heures de plus en ce moment, mes chères p’tites souris, d’où le fait que je n’ai rien écrit récemment. Ce livre m’accompagne pourtant à chaque petit moment que je réussis à grappiller, dans le métro, le temps d’un café ou pendant les deux minutes où j’arrive à garder les yeux ouverts le soir ! La toile de fonds est celle d’une famille soudée, aimante et tout à fait banale si ce n’est l’extraordinaire personnalité de la mère de l’auteur, fondatrice – entre autres – de la bibliothèque universitaire de Kaboul.
Mais il s’agit surtout d’un livre sur la lecture et la littérature, d’un cri d’amour pour tous ces romans, ces essais, ces polars, ces nouvelles et autres contes que nous avons lus : ils sont la trame du livre sur laquelle va se greffer l’évolution de la maladie de Mme Schwalbe, ces longs mois passés entre rémission et rechutes que connaissent tous ceux dont un proche a été touché par l’horrible crabe. « J’étais en train d’apprendre que vivre avec quelqu’un qui est sur le point de mourir implique dans le même temps de célébrer le passé, de vivre le présent et de pleurer l’avenir.«
Ma liste de livres à commander s’est allongée au fur et à mesure de ma lecture, et viendra alimenter ce blog dans les prochains mois… Je vous en parlerai sans doute comme d’un livre « Schwalbe » !
Et voici une partie des passages que j’ai cochés pour vous, parce qu’ils représentent ma façon de vivre la lecture…
« Les livres que j’ai vraiment l’intention de lire s’empilent au pied de mon lit. Je les emporte même en voyage. Certains devraient avoir le droit cumuler leurs propres miles tant ils parcourent de kilomètres. Vol après vol, je les replace dans mes bagages avec les meilleures intentions du monde et je finis par lire tout et n’importe quoi.«
« Nous avons tous deux lu des dizaines de livres de toutes sortes. Et pas seulement de « grandes oeuvres » : nous lisions au hasard, sans discrimination, au gré de notre caprice du moment.«
« Ma mère était une lectrice rapide. Et je dois aussi signaler un autre détail : impatiente de connaître le dénouement , elle commençait toujours par la fin. […] – Bien sûr que non, c’est [la fin] que j’avais lu en premier. Je ne crois pas que j’aurais pu supporter le suspense si je n’avais pas su ce qui allait se passer. J’aurais été bien trop préoccupée.«
« Tant que cela reste abstrait, il n’est pas difficile de lire sur la mort. Cela le devient vraiment quand un personnage que j’aime meurt, bien sûr. Certains personnages peuvent vraiment nous manquer. Pas de la même manière que les gens, mais ils peuvent nous manquer quand même.«
Bonne soirée !
Anne Souris
PS : et félicitations à l’excellente Lyne Strouc pour sa non moins excellente traduction et la poésie du titre français !
J’ai beaucoup aimé ce livre et comme toi ma liste de livres s’est allongée au fil de ma lecture
En fait je ne vois pas trop comment on peut faire autrement… Toutes ces discussions autour des livres donnent tellement envie !!! Je cochais au fur et à mesure dans la bibliographie tous ceux qui m’intéressaient !!
Quel joli titre 🙂
N’est-ce pas ? Tout un poème…