« Quand j’ai annoncé à mon entourage que j’avais décidé de travailler dans la publicité, tout le monde s’est inquiété, pudiquement.
– La pub ?! Tu es sûre ? Mais c’est un métier tellement superficiel ! Les gens ne jugent que sur l’apparence !
– Oui et alors ?
– Alors rien ! Mais bon… voilà quoi !
– Serais-tu en train d’insinuer que je suis moche ?
– Mais non enfin ! Pas du tout ! Mais bon… Voilà quoi !
Voilà quoi ! »
Un livre au titre pareil, ça ne pouvait pas se laisser de côté, n’est-ce pas, chères petites souris ? C’est à une psy, lorsqu’elle était enfant, que Charlotte a avoué ce désir enfoui au plus profond d’elle : quand elle serait grande, elle serait « trapéziste dans un cirque. Danseuse étoile. Femme d’un riche rentier.«
Après tout, pourquoi faudrait-il renoncer aux rêves sous prétexte qu’on est bloquée dans un fauteuil roulant, soumise au bon vouloir de ses chauffeurs – M’sieur Pichard, Monsieur Ali, Farid et Alain – de Marie, qui s’occupe d’elle le matin, de Khadidja, qui l’aide dans le hall du bureau, ou de toute personne qui prendra enfin l’ascenseur pour appuyer sur le bouton du bon étage pour que Charlotte n’ait plus à attendre, bloquée, dans la cabine.
« Ne dites pas à ma mère… » c’est l’histoire du stage de six mois de Charlotte dans une agence de pub, l’histoire des petites luttes matérielles, des humiliations, des belles rencontres et de tout ce qui fait depuis toujours le quotidien de Charlotte sans que nous autres, bien valides sur nos deux jambes, nous en rendions compte. « Je détestais ces petits moments de malaise décuplé par un renoncement mutuel mais inavoué. Ces petites secondes de flottement où tous les efforts du monde se destinaient à gommer à toute vitesse un geste entamé mais avorté. Ces miettes de latence vertigineuse, où une personne se penche sur moi pour m’embrasser et s’arrête à mi-chemin, éprise d’une terrible crise de panique devant mon inertie et, préférant capituler, se relève.«
En nous immergeant ainsi dans sa vie, et les souvenirs de son enfance, Charlotte de Vilmorin nous offre un cadeau inestimable : celui de rendre grâce, à chaque instant, pour tout ce que nous sommes capables de faire sans même y réfléchir, sans y prêter la moindre seconde d’attention. Lorsque la moindre marche, le moindre verre entre collègue, la moindre chaise placée au mauvais endroit représente un obstacle insurmontable seule, lorsque le moindre imprévu bouleverse un système planifié pour que tout fonctionne à la perfection, il faut avoir un grand sang-froid, beaucoup de détermination et une bonne dose d’humour pour passer outre ces problèmes et ne penser toujours, avec optimisme et entrain, qu’à la prochaine étape, au prochain défi.
Ce livre court, bien écrit et très prenant se lit vraiment facilement et rapidement, et je ne peux que vous encourager vivement à le lire, et à vous rendre sur le blog de Charlotte.
« Je repensai à mes rêves de petite fille. A la trapéziste. Et je me dis que finalement, c’était exactement ce que j’étais devenue. Une trapéziste, suspendue dans le vide entre deux trapèzes, m’accrochant malgré la gravité et les limites de mon corps, attendant sereinement la stabilité prochaine, en prenant garde de ne surtout jamais regarder le vide. »
Bonne lecture !
Anne Souris
Merci Anne pour cette idée de lecture qui me tente bien, je l’avoue car nous sommes tous un peu handicapés dans nos vies et marchons souvent sur un fil. Ca me plaît bien ce livre. Bonne journée à vous.
Michèle
Vous me direz alors s’il vous a plu !
Oui, bien sûr. Mais j’en suis persuadée. Je verrai le mois prochain pour cet achat.
Je viens de lire les articles du blog de Charlotte de Vilmorin. Elle a beaucoup d’humour et d’enthousiasme à communiquer. Je vais de ce pas acheter son livre.
Elle est incroyable, n’est-ce pas ?
oh, là oui ! Quand elle raconte son périple en Russie avec une amie… Sans fauteuil, je ne me lancerais pas dans ce périple et elle, même pas peur !
Elle a des ailes là où nous avons deux pieds !
Ca y est, je viens de recevoir le livre. Je suis très contente.
Bonsoir Anne Souris. J’espère que tout se passe bien pour vous.
Hier soir, j’ai regardé le film : Huit fois debout, et j’ai immédiatement pensé au livre de Charlotte de Vilmorin. Je l’ai terminé depuis longtemps en fait mais ai manqué de temps pour donner mon avis.
Le film parle de deux personnages à la vie plus que précaire mais qui décident peut-être malgré eux de ne pas vraiment s’en sortir. Beaucoup d’humour et de légèreté dans ce film qui pourrait être sordide, on rit même parfois, mais c’est un film, je dirais, presque un conte.
La vie de Charlotte est loin d’en être un mais quelle femme, courageuse, battante, drôle, optimiste et bizarrement pas si éloignée des personnages du film.
J’ai forcément aimé le livre mais il m’a fortement questionnée, ce qui est le but du livre, je pense.
On arriverait presque à croire, que, finalement, ce n’est pas si difficile que ça d’être handicapé, j’ai bien dit presque.
Le passage où l’entreprise utilise son handicap à son insu m’a beaucoup émue, je l’avoue. Je comprends son intention mais je suis comme l’éditeur, j’aimerais un autre livre, non autobiographique cette fois, qui parle du handicap en général, qu’il soit visible ou invisible.. Je suis sûre qu’une telle femme aurait beaucoup à dire et qu’elle pourrait beaucoup apporter notamment à certains parents désespérés.
Qu’elle leur donne de l’espoir surtout. Elle le fait par ailleurs mais après tout, elle l’a peut-être écrit ce livre sur le handicap, sur les handicaps….
Chère Michèle, me voici de retour après plusieurs semaines d’absence… La fin de l’année scolaire a été quelque peu… mouvementée ! et je profite de l’absence de mes enfants pour rédiger les articles en retard… Merci pour ce long avis sur le livre, et sur ce film que je ne connais pas mais que je vais essayer de trouver ! Bonne journée !
Bonne journée 😊 pour demain chère Anne Souris et profitez de l’absence de vos enfants pour vous reposer ou pour rédiger vos articles pour notre plus grand plaisir.