« Je me garai dans l’allée devant chez Norman Russo alors que le soleil se laissait entraîner par la gravité et que le soir tombait. De flamboyantes bandes orangées et roses s’évanouissaient dans le ciel mort, derrière la cabane à outils du voisin, qui avait désespérément besoin d’un coup de peinture. Je laissai tourner le moteur de la Ford Crown Victoria le temps de finir de boire, et je posai le gobelet en polystyrène à côté du fusil à canon court fixé au plancher. Je plaçai un OxyContin 20 milligrammes au milieu d’un billet d’un dollar que je repliai serré, et je réduisis le comprimé en poudre avec le bord rond d’un Bic. Je frottai le papier pour le broyer aussi fin que possible. Une rafale de vent percuta la voiture sur le côté et la fit trembler. Je regardai autour de moi. Il y avait deux bagnoles de police vides garées devant moi, et un flic qui s’allumait une cigarette sous le porche de la maison. »
Bonjour, bonjour, chères p’tites souris interloquées par un tel titre ! Je vais aujourd’hui vous parler d’un roman très spécial que j’ai dévoré la semaine dernière, et qui fera date dans l’histoire de cette bibliothèque idéale… Au programme des festivités : alcool, drogue et violence ! Vous me suivez ?
Ne vous attendez pas à trouver dans ce roman policier qui mêle un braquage de banque, des malfrats sans aucun scrupules et un détective privé alcoolique et drogué, une ambiance cosy et feutrée à la Agatha Christie ou Patricia Wentworth : c’est bien dans un enchaînement de péripéties plus sordides les unes que les autres que nous entraîne Matthew McBride, ses héros rivalisant dans la projection d’hémoglobine et la profération d’injures scabreuses.
Car quand il s’agit d’empocher un jackpot de plusieurs centaines de millions de dollars, tout est autorisé, et flics véreux, patrons de bars louches et bandits auprès de qui Al Capone ferait figure d’enfant de choeur vont rivaliser d’ingéniosité barbare et de coups tordus pour remettre la main sur le butin.
Ne vous enfuyez cependant pas tout de suite, et laissez-vous tenter, au contraire, par ce polar aussi noir que sa couverture : l’intrigue est excellente, les rebondissements bien ficelés et les personnages somme toute assez attachants dans leur absence totale de scrupules ou de morale. Si je ne peux que vous recommander fortement de ne le lire qu’en plein soleil, au beau milieu de la journée, entouré d’amis sympathiques, il serait toutefois fort dommage que vous passiez à côté et qu’il ne fasse pas partie de la pile de livres que vous ne manquerez pas, j’en suis sûre, de glisser dans vos bagages !
Alors… Bonne lecture !
Anne Souris
Traduction : Laurent Bury