Avec « Un funambule sur le sable », Gilles Marchand offre à ses lecteurs un nouveau roman tout aussi étrange et envoûtant que son excellent « Une bouche pour personne » et nous invite à le suivre dans la vie et la tête de Stradi.
Et le lecteur se laisse happer, entraîner dans la vie de ce petit garçon en apparence comme les autres, mais qui ne va pas à l’école, que ses parents protègent de l’extérieur, qui a un seul et unique ami, Max et qui grandit sous notre regard en contemplant le monde de son œil avisé et sagace.
Comment se construire de façon équilibrée, comment grandir sereinement quand chaque instant est « une bataille emportée sur le violon dans une guerre que [Stradi n’a] aucune chance de gagner » ?
Car dans la tête de Stradivarius, surnom donné par ses camarades d’école rapidement raccourci en Stradi, il y a en effet un violon. Depuis sa naissance, Stradi vit au rythme des mélodies et improvisations de son instrument en espérant cependant rendre un jour silencieuses les cordes de ce compagnon qui lui « ouvrent les portes de l’imagination mais ferment celles de la vie en société ».
Gilles Marchand a ce don merveilleux de rendre le quotidien poétique, d’insuffler du merveilleux dans une histoire qui semble pourtant parfaitement réaliste, de faire croire qu’il est normal qu’un enfant parle aux oiseaux ou qu’un grand-père emprisonne ses derniers mots dans une bouteille.
Il n’y a dans ce roman aucun funambule et très peu de sable mais le lecteur ne cesse de frissonner en voyant Stradi progresser pas à pas sur le fil qui sépare la normalité et la folie, au-dessus des sables mouvants du jugement, de l’exclusion et de la méchanceté de la société face à celui qui n’est « pas comme tout le monde ».
Une ode magnifique à l’amour, la fantaisie et l’optimisme.
Bonne lecture !
Anne Souris
Chronique parue dans Neuilly Magazine n°17 du mois de janvier 2018.
Nice bllog post