« Il était une fois, quelque part dans une vallée entourée de montagnes, un petit garçon comme tous les autres. Il était joli et drôle, et puis, pour ses parents c’était le leur, alors, forcément, ils y tenaient.«
Si le format de ce second livre est aussi court que le dernier dont je vous ai parlé, son style en diffère complètement. On y retrouve ici bien plus la plume poétique de Jean d’Ormesson, le lyrisme de ses tournures de phrases et son écriture si fine et ciselée.
L’histoire est celle – bien triste au premier abord – d’un enfant pauvre, vivant dans une maison perdue au fin fond de la campagne française, dans une vallée encaissée entre de hautes montagnes, dont le seul bonheur est de voir passer, tous les jours à la même heure, un train qui file sous ses fenêtres à la vitesse de l’éclair, tel un rayon lui apportant la lumière du monde extérieur et l’éclat de la vie.
« Et à chaque fois que le train passait vraiment, le soir ou au début de la nuit, il semblait espérer, de tout son petit corps tendu et de ses yeux grands ouverts, que la grosse machine allait enfin s’arrêter. Et quand le train passait dans son indifférence monstrueuse et que le bruit s’effaçait, une grande douleur se lisait sur le visage du petit garçon. C’était comme si tout son courage l’abandonnait d’un seul coup. Et il se mettait à pleurer en silence et de grosses larmes roulaient sur ses joues.«
Car, paraphrasant Daudet dans sa Mort du Dauphin, on pourrait s’écrier « L’enfant est malade, l’enfant va mourir » !
Cette histoire tragique, dans laquelle Jean d’Ormesson ne nous confie même pas le prénom du garçonnet, a toutefois la magie des contes de Noël et par la grâce de l’amour infaillible de ses parents, le miracle va s’accomplir et le train s’arrêtera enfin pour cet enfant qui l’attendait.
Par sa brièveté et son style enlevé, cette merveilleuse nouvelle a la saveur des récits racontés au coin du feu et se prête d’ailleurs particulièrement à l’exercice : paru en 1979 sous forme d’un récit illustré pour les enfants, épuisé depuis, c’est un vrai bonheur de pouvoir en faire à nouveau profiter les plus jeunes lecteurs.
« Et le train repartit dans la nuit avec le petit garçon qui était son ami et qui n’allait plus mourir. »
Alors… N’hésitez plus, courez vous le procurer et installez-vous confortablement pour introduire ainsi vos enfants à l’œuvre exceptionnelle, foisonnante, brillante, de Jean d’Ormesson !
Anne Souris
Chronique parue dans Neuilly Magazine n°18 du mois de février 2018.
Bonjour Anne Souris , merci pour cette suggestion des plus attrayantes. Je ne connaissais pas du tout ce titre .
Amitiés
Rina
C’est un petit bijou, j’espère que vous pourrez vous le procurer ! Bien amicalement
Chère Anne-Souris, je ne connaissais pas du tout cette nouvelle. Je vais l’inscrire sur ma liste de livres à lire. J’aime beaucoup Jean d’Ormesson. Ses livres m’ont appris la joie de lire.
Bonne soirée
Montaine
Je commence quant à moi « Casimir mène la grande vie », que je ne connaissais pas non plus !!