« Cette nuit », c’est la nuit de Pessah, la Pâque juive, la nuit qui commémore la sortie du peuple hébreu d’Égypte, le temps de sa libération, du pèlerinage vers la Terre Promise, vers Israël.
Cette nuit-là, c’est la nuit où Salomon et Sarah rassemblent autour d’eux leurs deux filles, leurs gendres et leurs petits-enfants pour se souvenir, perpétuer la tradition des pères de leurs pères, « chanter l’histoire millénaire du peuple juif ».
Cette nuit-là, c’est la nuit où chaque geste, chaque parole, chaque met a une signification bien particulière et où plane le souvenir de toutes les Pessah déjà fêtées.
Cette nuit-là, c’est la nuit où chacun va devoir composer avec le caractère des autres, la tyrannie de Michelle, la fille cadette, les incroyables récits de Pinhas, un des gendres et l’humour noir corrosif de Salomon (« Qui peut sonner à cette heure-ci ? Michelle a les clés et il est un peu tôt pour le Messie. […] Et ça insiste, de bon matin, la Gestapo avait au moins le chic de s’annoncer quand elle tambourinait à la porte. »).
Et pourtant, cette nuit-là est une nuit bien particulière puisque – pour la première fois depuis bien des années – Salomon n’a plus à ses côtés sa chère Sarah bien-aimée. Comment tenir bon, comment continuer à vivre sans elle, comment maintenir la famille soudée lorsque celle qui en était le cœur, l’âme, n’est plus ?
Dans ce récit tendre, drôle, émouvant, Joachim Schnerf fait vivre sous nos yeux cette famille avec ses travers et ses défauts, avec ses rites et ses habitudes et nous offre un très joli roman dans lequel, à l’approche de Seder, Salomon se souvient et égrène pour nous les perles du passé.
Bonne lecture !
Anne-Sophie