« La déflagration extrême, la combustion définitive, c’était le sexe, rien d’autre – fin de la mystification ; Claire Farel l’avait compris quand, à l’âge de neuf ans, elle avait assisté à la dislocation familiale provoquée par l’attraction irrépressible de sa mère pour un professeur de médecine rencontré à l’occasion d’un congrès. »
En ces temps de scandale Matzneff, après le mouvement #Metoo, alors que les rapports entre les hommes et les femmes me semblent se complexifier et se teinter a priori de suspicion et d’antagonisme, le roman de Karine Tuil a été une lecture de vacances forte mais éprouvante. Au cœur de cette descente aux enfers familiale, Jean et Claire Farel et leur fils Alexandre. Dans un petit milieu parisien habitué aux goujateries machistes et aux rapports de séduction pervertis par le pouvoir et la célébrité, l’accusation de viol à l’égard d’un des membres du clan va faire vaciller tous les protagonistes et les entraîner dans une spirale judiciaire qui les forcera à se confronter à eux-mêmes, leur passé, leurs convictions profondes.
Une des questions posées par le roman – et dont la réponse est laissée au libre arbitre de chaque lecteur – est celle du consentement. Comment supposer que ce dernier soit donné ? Dans une société basée sur la défiance et le soupçon, il devient indispensable d’obtenir avant tout rapport un consentement clair et indiscutable. Karine Tuil réussit de main de maître à exposer les enjeux de ce mode de fonctionnement récent et des réticences de ceux qui confondent galanterie, charme, séduction avec un abus sordide d’une position de force.
Un roman sélectionné par le jury Goncourt qui me marquera longtemps !
Bonne lecture !
Anne-Sophie