Il y a des chefs d’œuvre de la littérature auxquels il est compliqué de se confronter.
Adapter Hugo, Gary ou Balzac peut s’avérer périlleux et la meilleure façon de s’en approcher est – peut-être – de le faire avec beaucoup de respect et énormément d’humilité.
Après tout, le spectateur ne demande qu’à retrouver les héros qui l’ont fait rêver… rien d’autre.
J’avais de grandes espérances, ce soir, en allant voir Les Trois Mousquetaires.
Parce que Dumas.
Parce que Athos.
Parce que Milady.
Mais aussi parce que Romain Duris, Vincent Cassel, Eva Green, Pio Marmaï ou encore Louis Garel.
Avec un tel casting, avec une telle intrigue, avec une époque historique qui permet splendeur et panache, c’était à coup sûr un bijou du 7e art servi sur un plateau d’argent que j’allais voir.
Que nenni. Les mousquetaires (hormis Cassel, s’il avait été un peu plus coiffé) ont la prestance de palefreniers ; Aramis, le délicat, l’élégant Aramis, est devenu un condisciple de Jack Sparrow ; d’Artagnan, un niais dépassé par les événements, qui semble toujours se demander ce qu’il fait là ; Milady sort d’un clip de Mylène Farmer et Constance Bonacieux, supposée être au service de la reine, passe le film à laver des draps dans une cour.
Quant aux combats, oubliez les épées : on n’assiste à aucun duel digne de ce nom, les séquences passent à une vitesse folle à coup de ahanements et de personnages étripés.
Voilà pour la forme. Quant au fond, le réalisateur a dû penser que le génie de Dumas ne suffisait pas et que l’intrigue était un peu pauvre. On nous sert donc une histoire parallèle sur fond de guerres de religion qui tue complètement les péripéties originelles, reléguées au second plan.
S’en sort, dignement et brillamment, Vicky Krieps, splendide Anne d’Autriche tout en délicatesse et retenue.
À éviter à tout prix. (Re)lisez plutôt le roman, vous passerez un bien meilleur moment.
Anne-Sophie
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