« Je descendais du taxi et la heurtai, avec ses paquets, en ouvrant la portière : pain, oeufs, lait se répandirent sur le trottoir – et c’est ainsi que nous nous sommes rencontrés, sous la petite pluie fine qui s’ennuyait. Elle devait avoir mon âge, à quelques années près. Un visage qui semblait avoir attendu les cheveux blancs pour réussir ce que la jeunesse et l’agrément des traits n’avaient fait qu’esquisser comme une promesse. Elle paraissait essouflée, comme si elle avait couru et craint d’arriver trop tard. Je ne crois pas aux pressentiments, mais il y a longtemps que j’ai perdu foi en mes incroyances. »
Certes, en commençant un roman de Romain Gary, je m’attendais à une bonne expérience littéraire, mais à ce point ! Certainement pas. Un superbe roman – ah, le style inimitable et si poétique de Gary ! – sur la vie, la mort, l’amour et la fidélité : l’amour que se portaient Michel et Yannik, la promesse que cet amour survive au décès de Yannik, même s’il doit pour cela se poursuivre à travers une autre femme : « la plus cruelle façon de m’oublier, ce serait de ne plus aimer« . Cette autre femme que Michel bouscule dans la rue, et à qui il va s’accrocher comme à une bouée de sauvetage afin de ne pas passer seul La Nuit, cette nuit au cours de laquelle Yannik va mourir. Lire la suite « Clair de femme – Romain Gary »