Au fil de mes lectures

Voici venir les rêveurs

voici-venir-les-re%cc%82veurs« On ne lui avait jamais demandé de porter un costume pour un entretien d’embauche. Jamais dit d’apporter un curriculum vitae. Une semaine plus tôt, il ne possédait d’ailleurs pas de curriculum, quand il s’était rendu à la bibliothèque à l’angle de la 34e Rue et de Madison Avenue et qu’un bénévole lui en avait rédigé un, détaillant son parcours afin de montrer qu’il était un homme aux grandes qualités : fermier responsable du labourage des terres et de la bonne santé des récoltes ; cantonnier chargé de préserver la beauté et la rutilance de la ville de Limbé ; chargé de vaisselle dans un restaurant de Manhattan, veillant à ce que les clients mangent dans des assiettes sans traces et microbes ; taximan officiel dans le Bronx, responsable du bon acheminement des passagers.« 

Voici venir les rêveurs… Un roman dont le titre avait accroché mes yeux, parmi les centaines d’autres de la rentrée littéraire. Ces rêveurs que sont les immigrants, voyant dans l’Amérique un nouvel Eldorado dans lequel ils trouveront une vie meilleure. Lire la suite « Voici venir les rêveurs »

Au fil de mes lectures

Le bleu des abeilles – Laura Alcoba

Alcoba« Le point de départ de mon voyage se trouve quelque part sous mon nez. J’étais encore en Argentine quand je me suis mise en route. Je ne sais plus si c’est mon grand-père qui m’a annoncé que j’allais bientôt prendre des cours de français – peut-être est-ce ma grand-mère ou encore l’une de mes tantes. Le fait est qu’un adulte m’a dit que j’allais bientôt commencer et qu’il faudrait même que j’avance vite si je ne voulais pas être complètement perdue à mon arrivée à Paris. Mon départ était proche et je devais m’y préparer. Dans deux ou trois mois, tu vas rejoindre ta mère.« 

Point de départ : l’Argentine dictatoriale. Point d’arrivée : Paris – ou tout à côté. Car il ne faut pas raconter aux amies restées « là-bas » que le point de chute se trouve au Blanc-Mesnil et non pas sur l’île de la Cité, ou au pied de la Tour Eiffel : il faut raconter Paris, Notre-Dame, la neige et le printemps sans avouer les moqueries, le papier peint à motifs et les vêtements du Secours Populaire. C’est tout à la fois l’histoire d’un déracinement mais aussi d’une immersion dans un pays rêvé, fantasmé que nous conte avec beaucoup de nostalgie Laura Alcoba : ses souvenirs s’égrènent comme un chapelet, dans une atmosphère ouatée qui tranche avec le contexte violent que la fillette quitte pour faire son arrivée en France. Lire la suite « Le bleu des abeilles – Laura Alcoba »

Au fil de mes lectures

Les jeunes mariés – Nell Freudenberger

Freudenberger« Amina n’avait pas entendu le facteur, mais elle décida d’aller voir. Au cas où. Si on l’apercevait, on saurait qu’il y avait désormais quelqu’un dans la journée quand George était au bureau. On la verrait courir en pantoufles sans manteau jusqu’à la boîte aux lettres et on en conclurait que c’était chez elle. Elle s’était installée là. La boîte aux lettres était neuve. Amina l’avait achetée sur Internet avec la carte de crédit de George et elle n’avait pas choisi la moins chère. George avait dit qu’il leur fallait quelque chose de solide et Amina avait mis son cerveau bangladais en veilleuse et commandé le modèle rustique très robuste en noir laqué à quatre-vingt dix dollars.« 

Bonjour bonjour ! Voilà une lecture qui m’a pris beaucoup de temps alors que je n’en avais pas tant que ça, et j’ai bien cru même la lâcher à un moment… Et cela aurait été une bêtise ! Lire la suite « Les jeunes mariés – Nell Freudenberger »

Au fil de mes lectures

L’extraordinaire voyage du fakir qui était resté coincé dans une armoire Ikea – Romain Puértolas

Puertolas« Le premier mot que prononça l’Indien Ajatashatru Lavash Patel en arrivant en France fut un mot suédois. Un comble ! Ikea. Voilà ce qu’il prononça à mi-voix. Cela dit, il referma la porte de la vieille Mercedes rouge et patienta, les mains posées comme un enfant sage sur ses genoux soyeux. Le conducteur de taxi, qui n’était pas sûr d’avoir bien entendu, se retourna vers son client, ce qui eut pour effet de faire craquer les petites billes en bois de son couvre-siège. Il vit sur la banquette arrière de son véhicule un homme d’âge moyen, grand, sec et noueux comme un arbre, le visage mat et barré d’une gigantesque moustache.« 

Voilà un livre qui ne me tentait vraiment pas et que j’avais évité de lire pendant un certain temps : et bien, j’ai eu tort ! Voilà un très bon roman bien plus sérieux que ne peut le laisser penser son titre fantaisiste. Lire la suite « L’extraordinaire voyage du fakir qui était resté coincé dans une armoire Ikea – Romain Puértolas »

Au fil de mes lectures

Certaines n’avaient jamais vu la mer – Julie Otsuka

photo

« Sur le bateau nous étions presque toutes vierges. Nous avions de longs cheveux noirs, de larges pieds plats et nous n’étions pas très grandes. Certaines d’entre nous n’avaient jamais mangé toute leur vie durant que du gruau de riz et leurs jambes étaient arquées, certaines n’avaient que quatorze ans et c’étaient encore des petites filles.« 

Voici tout juste 48h que j’ai reçu ce livre, et je ne peux le lâcher. Julie Otsuka retrace ici avec une force poignante l’histoire de ces femmes qui, au début du XXe siècle, quittaient le Japon, leurs villages, leurs familles pour aller en Amérique épouser des hommes qu’elles n’avaient jamais vu, et auxquels elles seraient dorénavant liées. Lire la suite « Certaines n’avaient jamais vu la mer – Julie Otsuka »