« La soirée se passait chez Alfern, un médecin mondain, et j’avais beaucoup hésité à m’y rendre. L’après-midi que je venais de vivre avec Alan, mon mari, un après-midi qui condamnait quatre ans d’amour, de coups, de tendresse et de révoltes, cet après-midi, j’aurais préféré le finir dans les bras de Morphée ou dans ceux de l’ivresse. Mais en tout cas, seule. Bien entendu, en excellent masochiste qu’il était, Alan avait insisté pour que nous allions à cette soirée. Il avait repris son beau visage et il souriait quand on lui demandait ce que devenait le couple le plus uni de Paris.«
Figurez-vous, chers rongeurs divers et variés, qu’en dehors du roman Bonjour Tristesse, je n’avais jamais rien lu de Sagan – alors même que ce dernier m’avait énormément plu, à l’époque de mes 17 ans… Voilà une erreur réparée, à ma plus grande satisfaction !
Si le terme de roman initiatique est trop fort, Un profil perdu est tout de même la chronique d’une naissance, ou plutôt d’une renaissance à soi et au monde, celle de Josée, qui devra renoncer à sa confondante naïveté et s’affranchir du regard des autres pour réussir à construire sa vie : « je me sentais sauvée. Sauvée d’un danger imprécis et sans relief mais qui par là me semblait à présent mille fois plus grave que tous les dangers que j’avais pu connaître : j’avais failli me prendre au sérieux, appartenir à des gens sans les aimer, j’avais failli m’ennuyer et appeler cet ennui autrement que par son nom« . Lire la suite « Un profil perdu – Françoise Sagan » →