Au fil de mes lectures

L’envol du héron – Katharina Hagena

Hagena« Les signes sont partout. Rien qu’une enveloppe, déjà, avec les signes postaux, timbres, tampons et codes-barres, l’écriture de l’expéditeur – imprimée ou manuscrite, avec imprimante laser, encre, stylo bille ou feutre. L’emploi de machine à écrire est assez rare, plus fréquents sont les caractères derrière des fenêtres crissantes de papier transparent. Quand il tient une lettre entre pouce et index, il sent aussitôt si la lettre pèse plus ou moins de vingt grammes. Si elle ne dépasse que d’un gramme, il réexamine soigneusement l’enveloppe. C’est lui qui décide.« 

Par ce beau lundi ensoleillé et froid de décembre, je vais pour une fois vous parler d’un roman qui m’a un peu déçue… tout en me plaisant quand même, mais pas trop ! Bref, c’est un peu compliqué… Mais lisez quand même la suite !

J’avais énormément aimé le premier roman de Katharina Hagena, Le goût des pépins de pomme (il faudra d’ailleurs que je vous en parle !) et lorsque j’ai vu ce roman-ci chez mon libraire, je me suis bien sûr précipitée dessus !

L’histoire est celle d’Ellen et de sa fille, Orla. Mais c’est aussi celle de tous les gens qui les entourent, qui les regardent vivre, souffrir, dormir ou rester en éveil. Le titre allemand traduit d’ailleurs mieux l’atmosphère du livre que sa traduction : « Du sommeil et de la disparition ». Car il est beaucoup question de sommeil, de nuit, de rêve et de rencontres nocturnes dans ce roman dont l’héroïne centrale est somnologue, et insomniaque : « La fatigue recèle l’ardent désir du sommeil et la somnolence le souhait que le sommeil s’éloigne. […] Fatigue et somnolence sont les deux extrémités du seuil dans la demeure de la nuit. De ce seuil d’airain où la nuit et sa fille, le jour, se rencontrent. L’une entre dans la maison au moment où l’autre la quitte. Aucune des deux femmes ne passe plus de temps avec l’autre qu’il n’en faut pour ces deux saluts quotidiens sur le seuil, mais elles habitent ensemble.« 

Le roman se déroule entre Hambourg et le sud de l’Allemagne (deux régions chères à mon coeur !) au gré des souvenirs d’Ellen et de sa vie actuelle. S’il faut reconnaître qu’il est vraiment bien construit, entrecoupé par le récit de Marthe (sorte de spectateur externe au récit, qui observe sans mot dire et dont le rôle est pourtant crucial), j’ai cependant eu énormément de mal à entrer dedans : était-ce sa lenteur, qui pourtant ne me dérange habituellement pas, ou son atmosphère très particulière de non-dits et de faux-semblants, je ne saurai vous dire ! A moins que les quelques passages crus du roman soient la cause de mes hésitations ? Je dois vous avouer que cette mode qui consiste à insérer forcément du sexe dans les romans me gêne : je ne crois pas être particulièrement prude, mais autant je peux trouver un baiser, voire une scène plus intime, romantique sur grand écran, autant les mots posés noirs sur blanc me paraissent immédiatement vulgaires, et déplacés. Mais c’est un autre débat, et le livre ne se résume bien évidemment pas à ça, loin de là !

Et en même temps, je n’ai pas envie de vous le déconseiller car il me trotte encore dans la tête, signe infaillible qu’il m’a marquée plus que je ne le pensais.

Bref, peut-être reviendrai-je vous en dire plus après l’avoir un peu digéré, peut-être est-ce le genre de livre qu’on apprécie longtemps après l’avoir fini, je ne sais pas trop… Quoiqu’il en soit, cela ne m’empêchera pas de lire le futur roman de Katharina Hagena !

Bonne journée, chères p’tites souris !

Anne Souris

Traduction : Corinna Gepner

6 commentaires sur “L’envol du héron – Katharina Hagena

  1. Superbe votre nouvelle présentation! Bravo Anne Souris…

    Quant à la remarque sur la façon dont les auteurs « attirent » leurs lecteurs par le sexe, je suis tout à fait d’accord avec vous. Rares sont les romans désormais où on ne trouve pas au moins une scène « hard » (qui n’apporte rien en plus). Je tairais le nom du dernier roman et de son auteur qui m’a beaucoup déçu par ce côté « caser du sexe à tout prix » car à l’opposé de ce que j’avais aimé dans les livres précédents. A se demander si ce ne sont pas les éditeurs qui obligent (mais ceci n’est qu’une supposition qui n’engage que moi).
    Merci pour ce beau résumé: nous percevons parfaitement votre « hésitation » . Ainsi, nous sommes attirées et souhaitons découvrir à présent l’histoire au fil des pages.
    Merci encore Anne Souris…
    Bonne continuation.
    Votre amie.
    RdH

  2. Bonjour AnneSo, je partage votre opinion, j’ai détesté par exemple la mode du roman « trash », inélégant à souhait. J’avoue d’ailleurs ma faiblesse : j’ai du mal avec la production contemporaine, ma passion pour les classiques est exclusive .
     » l’envol du héron », un bien joli titre, tout de même …
    Mais pour ma part j’avais été fortement déçue par  » Le goût des pépins de pomme « …et par son écriture souvent plate et alambiquée pour rien …

    1. Bonjour Rina, moi qui pensais être rétrograde à souhait, voilà que vous êtes déjà deux à me rassurer ! Comme quoi, le roman courtois a encore de beaux jours devant lui ! Vous n’aviez pas aimé Le goût des pépins de pommes ? Si je vous rejoins sur le style (mais comment en juger vraiment sans lire l’oeuvre en VO ?), j’avais toutefois beaucoup aimé le thème du roman, les souvenirs, les histoires de famille…

  3. Anne Souris, oui vous avez raison, mon fils aîné qui est germaniste depuis le lycée m’avait dit  » maman, l’allemand est une langue très difficile à traduire, très complexe… » bref tout comme vous, oui, les secrets et souvenirs de famille me touchent, et j’ai d’ailleurs beaucoup aimé le roman de Delphine de Vigan,  » Rien ne s’oppose à la nuit », dense et poignant…
    Bonne soirée !

    1. J’avais hésité à lire « Rien ne s’oppose à la nuit », par peur d’un roman trop sombre, mais si vous me le recommandez, je m’y mettrais ! D’autant plus que j’avais infiniment apprécié les « Heures souterraines », du même auteur !
      Quant à l’allemand, j’ai honte de l’avouer, mais venant d’une famille germanophile et -phone, je le lis sans problème mais… n’ai pas le courage ! Bonne soirée !

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