Je termine cette lecture les yeux encore humides des larmes que j’ai versées.
Trois cents mille enfants soldats dans le monde. Trois cents mille. L’équivalent de Montpellier.
Ce roman leur donne une voix et un visage, ceux de Nekeli, une petite fille dont le village a été attaqué et qui va être faite prisonnière et devenir enfant soldat.

Les brimades, les coups, la drogue, les humiliations commencent, pour briser les âmes et asservir les volontés. Mais Nekeli garde au fond d’elle le souvenir de l’amour des siens, et il plane sur son coeur l’ombre tutélaire de son village. Et puis il y a Soulaï, son frère jumeau, son double, son autre elle-même. Soulaï qui avant chaque attaque lui ordonne de viser les pierres, les arbres, tout ce qui n’est pas humain pour que jamais, jamais, Nekeli ne devienne une meurtrière.
Ce roman est d’une puissance rare. Sans jamais basculer dans le « trash », il ne cache rien des horreurs du destin de ces enfants. Cécile Alix joue avec le rythme des phrases, avec les mots, pour dire la violence, l’effroi, les ténèbres. Elle dit, tout simplement. Ne juge pas, ne condamne pas. Elle dit la vie de Nekeli, de Soulaï, de Noulou, de Luzolo.
L’éditeur recommande la lecture de « Guerrière » à partir de 13 ans. Et, pour une fois, je suis bien en peine de vous donner un avis. L’histoire est très dure – mais se termine bien -, le récit est parfois extrêmement violent mais jamais voyeuriste. La réalité des enfants soldats mérite d’être connue des adolescents, mais vous serez les meilleurs juges de la sensibilité et de la maturité de ceux qui vous entourent.
Je crois que je vais attendre quelques mois avant de le proposer à Miss 13 ans, attendre peut-être qu’elle soit en Troisième. Il est certain en revanche qu’elle lira un jour l’histoire de Nekeli, pour grandir et élargir son horizon.
Merci Cécile Alix pour ce roman. Merci du plus profond du coeur.
Anne-Sophie
