Il est des voyages plus compliqués que d’autres. Pour moi, il s’agit de celui des souvenirs : j’ai une très mauvaise mémoire et, de ce fait, de très rares souvenirs d’enfance. Certains ressurgissent parfois sans que je sache les dater ou être certaine qu’il ne s’agit pas d’une reconstruction dûe à une photo…
Est-ce pour cela que je me replonge avec tant de bonheur dans ce que Timothée de Fombelle appelle les « hauts territoires perdus », ce pays de l’enfance que nous quittons un jour, sans espoir d’y retourner ?
Est-ce pour cela que j’aime tant écrire pour les enfants ? Sans doute ces questions relèvent-elles de la psychanalyse… ou de la plume géniale d’un brillant auteur.
Fombelle sait nous entraîner à ses côtés dans ses mondes fictifs et il peuple notre imaginaire de ses héros.
Il était donc naturel que son seul livre pour adultes prenne le nom du pays de celui qui n’a jamais grandi…
Tel un Peter Pan des temps modernes, il nous décrit le paradis perdu de notre enfance, nous fait retrouver l’odeur des après-midi de vacances et des jours de rentrée. Il nous donne à entendre le babillage des cousinades et les discussions sans fin des nuits en dortoirs.
De sa plume tendre, il dessine le désir enfoui au plus profond de chacun de pouvoir retourner dans cette contrée idéale, emplie d’amour, de rires et de rêves et nous raconte le voyage impossible vers Neverland.
Et pourtant, de ce pays abandonné avec douceur ou brusquement, de ces plaines aux herbes hautes et aux cascades torrentielles, il nous reste, enfouis au plus profond de nous les « forces magiques du désir et des étoiles filantes. Ces forces qui font tout advenir. »
Merci, cher Timothée, pour ce voyage dans le pays de haute enfance.
Bonne lecture !
Anne-Sophie
