Lecture… étonnante ! Mais loin de me laisser de marbre.
Je n’avais lu d’Ishiguro que Les vestiges du jour et ça a été un bonheur de retrouver sa plume si dépouillée et sobre. Pas de grandes envolées lyriques, pas d’étalage de sentiments mais une retenue dans l’expression des émotions et un récit tout en non-dits font la puissance de ce roman.

Nous y sommes plongés aux côtés d’Etsuko, une femme japonaise veuve de son second mari. Exilée en Angleterre, elle accueille sa cadette suite au suicide de son aînée, née d’un premier mariage et cette visite va faire remonter en elle le souvenir de sa jeunesse à Nagasaki, juste après la guerre.
De ses rapports avec son mari, de son lien avec son beau-père ou de la rencontre avec une voisine fascinante – femme émancipée et libre dans un Japon encore très conservateur – nous ne saurons que ce qu’Ishiguro veut bien nous montrer, en soulevant légèrement le voile.
Ishiguro nous permet de réfléchir à la féminité, la maternité, l’enfance et le couple, mais également aux changements culturels d’une société traumatisée par la bombe mais en conservant toujours une distance respectueuse de ses personnages, comme pour préserver leur intimité et leur liberté.
Nous n’aurons donc pas le fin mot de l’histoire et refermons le livre en ayant assisté à une tranche de vie, prise en cours de route et abandonnée de même ; et cette expérience laisse au lecteur un goût doux-amer, un regret indéfinissable mais également l’impression d’avoir touché du bout du doigt au génie littéraire.
Avez-vous lu Kazuo Ishiguro ?
Anne-Sophie

Je n’ai lu que «Les vestiges du jour » et je garde ma lecture un excellent souvenir…D’ailleurs, je me permets de te partager ma chronique sur ce dernier : https://madamelit.ca/2020/03/29/madame-lit-les-vestiges-du-jour/