Cette semaine, j’ai lu mon premier Tesson.
Je sais, je sais… « Comment c’est possible ? » « non mais tu plaisantes ? » « je ne sais même pas comment tu arrivais à vivre sans lui »

Bref. Eh bien ce fut une belle découverte. Tesson écrit extrêmement bien et nous emporte grâce à son style fluide et imagé. On sent par moment l’écrivain qui se regarde écrire, quand on tombe sur une phrase qui a des airs slogan ; Tesson abuse peut-être un peu des « toujours » et des « jamais », mais il nous assène ses certitudes dans un français parfait, ce qui est fort plaisant.
J’ai retrouvé beaucoup des émotions ressenties pendant la lecture du « chemin des estives » : ce cri d’amour pour la beauté des paysages, l’humour dans le récit des rencontres avec d’autres humains, le besoin de silence, de transcendance, de reconnection avec les éléments.
Mais avec toutefois une différence de taille. Si Wright questionne le monde, la nature et les relations humaines au prisme de sa foi, Tesson ne trouve en lui que l’écho de son cynisme et de son athéisme. Là où j’ai du « chemin des estives » un souvenir lumineux, « sur les chemins noirs » porte bien son nom : ces chemins noirs qui désignent en géographie les sentiers cachés, secrets, dans la campagne, sont une belle métaphore de l’état d’esprit émotionnel de l’auteur.
Et pourtant, comme le dit Tesson « on devrait toujours répondre à l’invitation des cartes, croire à leurs promesses, traverser le pays et se tenir quelques minutes au bout du territoire pour clore les mauvais chapitres. »
J’ai été heureuse de cette découverte, de lire cette invitation au voyage et au détachement et j’ai refermé le livre en me demandant quel serait mon prochain Tesson.
Bonne lecture !
Anne-Sophie
