Au fil de mes lectures

L’élu – Chaïm Potok

Pfiou. Cela vous dérangerait-il que je me contente de ce mot comme recommandation de ce livre ? C’est peut-être un peu court… J’espère donc pouvoir rendre avec justice la puissance et la profondeur de ce roman, dans lequel on suit deux adolescents juifs new-yorkais dans les années 1940.

Issus de deux communautés différentes, Reuven et Danny n’auraient jamais dû se rencontrer et encore moins devenir amis : entre le fils d’un tzaddik (rabin traditionnaliste) et celui d’un rabbin intellectuel progressiste, seules les insultes auraient dû être de rigueur. Mais un match de base-ball va tout changer et rapprocher les deux garçons, qui vont devenir inséparables, Danny encourageant Reuven dans l’étude et le dépassement intellectuel et Reuven offrant à Danny l’humanité et l’affection que son ami ne ressent pas chez lui.

Une écriture précise, efficace (et parfois aride) qui réussit toutefois à prendre aux tripes ; un aperçu – de l’intérieur – du judaïsme américain de la fin de la Seconde guerre mondiale, confronté à la découverte de la Shoah et l’apparition du sionisme ; la description de deux familles si différentes, des blessures infligées aux enfants malgré la meilleure volonté du monde ; la distance qu’un adolescent doit prendre par rapport à son éducation pour devenir adulte.

Je termine cette lecture profondément touchée par les pages sur la religion juive, sur l’étude de la Torah, sur les échanges entre ces fils et leurs pères. Car en dépit des défaillances de ces derniers, c’est leur exigence, leur foi profonde (semblable et pourtant si différente) et leur confiance inébranlable en leurs fils qui deviendra le roc sur lequel Reuven et Danny grandiront – même s’ils décident ultimement de s’affranchir de leur communauté. Finalement, tout fils devrait être l’Élu de son père.

Une lecture qui me marquera longtemps.

Et vous, avez-vous déjà lu un roman de Chaïm Potok ?

Anne-Sophie

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